Tous les jours je pars en quête de mon journal au centre-bourg

illustr001Tous les jours je pars en quête de mon journal au centre-bourg. Cette pérégrination souvent matinale m’amène à longer une ancienne ferme où quelques herbes folles envahissent le bord du trottoir. Au beau milieu de celles-ci,  je pus distinguer un magnifique pied de pavot qui, au fur et à mesure des jours, prit de l’ampleur. Celui-ci finit par m’offrir une belle floraison rose pâle. Par quel mystère et chemin cette graine avait pu arriver jusque là ? Vous comprendrez bien que le temps s’écoulant, cette belle plante était devenue mon pavot et le jardinier que je suis espérait bien glaner quelques graines. Mais cette idylle végétale connue une fin tragique un début d’après midi où la voisine en retraitée dynamique , entreprit de nettoyer toutes ces crasses devant chez elle. Quid de mon pavot et de ces belles fleurs roses. Je ne pus que constater les dégâts le lendemain et la vision de mon pavot étalé sur le sol, flétri par un après midi de soleil, m’attrista au plus au point. Et comme l’assassin qui revient toujours sur les lieux de son crime, je vis arriver la mémé voisine avec sa pelle et son râteau pour ramasser toutes ces mauvaises herbes. Elle m’apostropha  alors, m’expliquant : qu’ô l’était t’y pas malheureux à son âge d’être obliger de faire le travail des gars de la commune qui laissent pousser toute ces crasses partout et que dans le temps avions des drogues, qu’on traitait au printemps et que après ô poussait rein de l’année !

Et là devant la vision de mon pavot gisant sur terre comme si une fleur pouvait faire sale, je perds pendant quelques secondes tout humanité. Je vais la ratatiner à coups de binette la vioque. Fini Voltaire, Rousseau , Olympe de Gouge , la nuit du 4 août, la déclaration des droits de l’homme, l’esprit du conseil national de la résistance. Retour au féodal , à la loi du Talion.  En deux secondes, je rétablis les châtiments corporels , je la supplicie en place de Grèves , je remonte l’échafaud, je rétablie le supplice de la roue, le pal, le bûché, la ceinture de chasteté.  Je la soumets à la question, l’octogénaire pavoticide hérétique.  Une lettre de cachet et à la Bastille, c’est plus rapide que l’épahd. Direction Rome et elle sert de dessert aux lions. Vive les jeux du cirque, on savait s’amuser à cette époque. Bref,  j’ai envie de la répartir aux quatres coins de St Flo, façon puzzle, ma mamie.

Heureusement, je suis resté profondément marqué par l’éducation judéo-chrétienne que m’ont inculqué mes braves parents et j’ai su par la même, garder un regard bienveillant sur autrui et maîtriser mes bas instincts. Et puis faut la comprendre la mémé, on l’a éduquée pour que ça soit propre partout, c’était le progrès à l’époque. On sortait son beau Vermorel tout en cuivre et vas y que je te pulvérise partout : arsenic, ddt, triazine ….. Vive le progrès et la science. L’homme dans sa toute puissance, capable de maîtriser totalement son environnement et de l’asservir pour son seul profit. Ne pas y souscrire, c’était être arriéré. Comme quoi le progrès d’un jour n’est pas celui du lendemain alors sachons rester humbles et à l’écoute des autres.

Signé Remi Deupin  florentais d’adoption

Une réponse à “Tous les jours je pars en quête de mon journal au centre-bourg

  1. Beau texte avec littérature et culture.
    Alors comme ça, j’dynamite, j’disperse, j’ventile. Ah, elle connait pas Micho !
    Reste calme, c’est comme ça qu’on te préfère. C’était juste un exercice pour tester ta zénitude.

    Boga

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