On a choisi de ne pas suivre les convois et de partir après les autres par un itinéraire de départementales qui nous a conduit au nord de la zone interdite. A peine de flics, pas de contrôle.
Finalement nous sommes partis après et arrivés dans les premiers sur zone., sauf qu’on a buté carrément sur le dispositif policier au pied de la bassine.
Après une vaine discussion, on a compris qu’il n’était pas la peine d’insister d’autant qu’on était cinq et eux des milliers !
Alors on s’est posté à 50 mètres en retrait.
Voilà ce qu’on a vu :
D’abord au village de Laïs, on a croisé deux mecs chelous devant une camionnette grise immatriculée en 78, soit disant une petite chaîne YouTube amateur. Ouaif ! Ils sont venus plus tard sur le terrain en mode discret. Après on a croisé le camion hippomobile qui était garé sur le coté.
Repéré un « casseur » zarbi qui a un moment s’est extrait de la manif pour faire un signe aux CRS sur la route.
La suite, c’est en images :





OUI, on a de bonnes raisons de penser que le Président aurait sûrement pu économiser un
voyage inutile en Chine pendant que telle ministre s’affiche de façon grotesque dans un
certain magazine, ou pendant que le peuple clame son malaise dans la rue…
Mais NON, les protestataires ne sont pas allés dans les Deux-Sèvres pour « casser du flic » !
Si des milliers d’agriculteurs et de militants écologistes sont venus (et certains en famille) à
Sainte Soline c’était d’abord pour protester contre l’absurdité de cette mégabassine (certes la
plus médiatisée parmi la centaine de celles qui sont en « construction » actuellement en
France).
Car ces dites « constructions », des trous en fait, sont des aberrations !
Aberrations architecturales d’abord tellement l’ineptie et la médiocrité de ces concepts
primaires, n’a même rien à voir avec l’ingéniosité des marais constitués jadis pour retenir les
eaux, aberrations écologiques ensuite puisqu’elles prélèvent de l’eau protégée en sous-sol
pour les destiner à une évaporation quasi immédiate en surface.
Faut-il être con pour inventer des choses pareilles !
Mais c’est aussi un scandale politique, car le pompage des nappes phréatiques en sous-sol est
un pillage, une malversation pure et simple car, comme l’air, l’eau est un bien public.
Or ces mégabassines ne servent que les intérêts d’un petit nombre de céréaliers qui cultivent
un maïs assoiffé, destiné à l’export pour leur seul profit (Sachant que la quasi-totalité des
exportations françaises de maïs est utilisée pour l’alimentation animale et industrielle, sachant
aussi que lesdits céréaliers exportent près d’une tonne sur deux de céréales chez ses voisins de
l’Union européenne, mais aussi vers les pays du Maghreb, d’Afrique subsaharienne de
l’Ouest, du Proche / Moyen-Orient et aussi vers la Chine).
Malheureusement, l’ultra libéralisme du gouvernement a entendu de façon favorable les
arguments de ces industriels de l’agroalimentaire qui ne voient pas plus loin que le fond de
leur porte-feuille.
OUI, le pouvoir en place a une fois encore, admis seul et sans consultation, la nécessité de
construire ces immenses réservoirs qui n’ont pour dessein que de permettre l’arrosage de
certaines cultures pendant les chauds mois d’été. Et tant pis si les rivières sont à sec, et tant
pis si les forêts brûlent. C’est l’agri-culture du « chacun pour soi. »
En résumé, aidés à 70% par des financements d’État, ceux-là, dont on ne dit pas les noms par
respect de confidentialité, n’en sont pas moins de fieffés salauds qui s’accaparent un bien
collectif : l’eau ! (ça l’eau ! )
Alors, quand des gens de tous âges et de tous bords apprennent cette injustice flagrante, qu’ils
veuillent faire entendre leur colère de se voir spoliés, cela peut sembler normal, humain du
moins !
Et si, pour montrer l’intransigeance de son copinage avec lesdits milliardaires de la céréale, le
pouvoir décide d’envoyer 1700 hommes, autrement dit une armée de fonctionnaires salariés
par l’argent public, pour défendre quelques intérêts privés, il est inévitable que
l’incompatibilité des points de vue dégénère en bagarre.
Que certains parmi les manifestants aient à l’égard des structures de maintien de l’ordre une
certaine aversion, c’est indiscutable, (et sûrement regrettable), mais admettons aussi que ces
mêmes gendarmes inquiétés par des circulaires et des discours haineux, harnachés, armés de
grenades en tous genres, parés au combat derrière leurs boucliers, admettons oui qu’ils n’ont
pas non plus des intentions diplomates, ni particulièrement aimables ou compréhensives à
l’égard de ceux de leurs semblables qu’ils sont pourtant sensés défendre.
Alors les animateurs de talkshow attisent la haine et, sous prétexte de « débats », ils en
remettent des couches pour décrire la violence des protestataires qu’ils traitent tous de Black
Blocs. Adoptant des postures outrées, on les entend dénoncer des assauts des manifestants,
mais c’est oublier cruellement le sort des blessés.
Si on a beaucoup parlé des gendarmes atteints par des projectiles et des mottes de terre,
n’oublions pas non plus les deux cents manifestants blessés très grièvement par les tirs des
forces de l’Empire.
Une semaine plus tard, aujourd’hui, quatre blessés sont encore dans un état grave, victimes
des coups et violences policières (trauma crânien, fractures de vertèbre, polytraumatisme
facial, ecchymose et fracas osseux, pronostique vital toujours engagé pour deux d’entre eux et
séquelles à vie pour les autres…)
OUI, la police et la gendarmerie ne sont pas des milices privées au service du grand capital,
OUI ces fonctionnaires devraient se souvenir parfois qu’ils sont mandatés en tant que fonction
PUBLIQUE pour défendre les citoyens comme eux, et non pas embauchés pour obéir à ceux
qui les utilisent pour défendre des intérêts PRIVÉS !