Nouvelle rêve

CETTE NUIT J’AI RÊVÉD’UN  HYMNE
A LA VIE ET D’UN PLAIDOYER POUR L’HUMUSATION

Lové dans le ventre de mon lit, je recherche l’endormissement. Je repense à cet ami africain  à qui je faisais visiter ma cabane au bord de l ‘étang, à l’orée du bois. Je l’entends me dire : « est-ce que tu viens tous les jours dans ta cabane pour réfléchir ? Moi aussi j’ai une cabane dans la brousse, j’y vais  tous les jours et je règle beaucoup de problème du village. »

Puis je m’imagine assis, adossé à un arbre ; mon esprit vagabonde : le ciel, les nuages, les couleurs, les bruits de la nature, les odeurs, et cette petite brise qui me caresse le visage…    Tout s’apaise, « bon aise » mes pensées affluent. Mes amis, mes amours « présents ou partis », tous ces souvenirs de l’enfance, ce que j’ai aimé, ce que j’idolâtre, ce que je voudrais en quittant ce monde. De ces réflexions, de ces ressentis surgit cette évidence : Il faut que quelque chose meure pour que quelque chose vive. Dans la forêt, la décomposition du bois mort, des feuilles d’automne, des plumes d’oiseaux… Forme l’humus qui nourrira arbres, fleurs, haies bocagères, jardin, agro-foresterie etc.. C’est lui aussi qui aide l’eau à pénétrer la terre jusqu’aux sources quand il pleut. C’est lui encore qui retient l’eau lors des fortes évaporations par temps chaud.

La vie, la mort ! ! !

Juste un équilibre  utile et fragile tout autour de toi  est-ce que tu le vois ? 
Sans hasard       Sans mystère          Tout autour de la terre           Dans les airs
Au fond des mers        Jusqu’au cœur des pierres.

Hé  Daniel, bravo pour la musique !

Me voilà décidé, j’invite la famille, les amis et grande fête dans notre jardin forêt, sous le soleil de Mai. Je laisse passer l’apéritif, mais juste avant le digestif ; J’ harangue cette petite foule : « Ce que j’ai à vous dire, va probablement être difficile, voire déroutant. Car je veux aborder un sujet souvent considéré comme TABOU dans notre société : La mort et plus particulièrement ce qu’il advient de notre corps lorsque la vie la quitté. En ce jour, je voudrais alerter et par la même vous expliquer mon choix pour l’humusation.     
La démonstration de la dépendance de l’humanité à la qualité de son environnement n’est plus à faire. Et pourtant, l’analyse des pratiques funéraires actuelles montre de manière irréfutable que : un certain nombre de nappes phréatiques aux abords des cimetières, sont classées indépolluables en raison des liquides coulant des dépouilles profondément ensevelies. Avec en plus la thanatopraxie pratiquée et dont nous n’avons nul besoin.             Les pollutions de l’air, de l’eau, de la terre, créées par les crématoriums sont importantes. Deux cent litres équivalent pétrole pour huit cent degrés par corps, CO2, anhydride sulfureux, dioxine…et j’en passe.

Voilà  pourquoi, je veux avoir le choix de ne pas polluer, d’être bénéfique à la terre, aux générations futures et devenir un outil de dépollution. Je réclame l’humusation.

Faut- il un peu vous perdre pour vous aimer vraiment ?
Faut- il un peu vous perdre pour vous aimer longtemps ?


Comment  l’humusation  du corps se réalise-t-elle ?

Dans un premier temps, rien ne change. Mes proches feront appel à une entreprise de pompes funèbres. Mon corps sera recouvert d’un beau linceul biodégradable (papier, lin…) Une civière en métal inoxydable servira à me visiter, puis me transporter dans un lieu approprié, appelé « jardin du souvenir ». Là, un lit de vingt centimètres de broyats (branchage, paille  etc.) sera le socle sur lequel l’on me déposera. Puis les personnes agréées me recouvriront de deux mètres cubes de broyats.

Je sais bien que certains d’entre vous n’auront pas le cœur à la fête « besoin de faire le deuil » mais j’en connais d’autres, dont certains ici présents, qui eux pourront chanter, jouer de la musique, danser, raconter des blagues, des anecdotes…

D’avance je vous en remercie.

Après votre départ, douillettement installé dans ce tumulus végétal, je commencerai la première étape de ma métamorphose, tout comme la chenille  deviendra  papillon. Pendant les quinze premiers jours, il y aura une élévation de la température jusqu’à soixante-dix degrés environ au cœur de ce cocon. Il y aura bien un peu d’évapotranspiration !!! C’est ainsi qu’au premier rayon de soleil, une infime partie de moi s’échappera dans les brumes matinales. J’irai rejoindre les nuages, je ferai le tour du monde ; Au gré d’Eole. A  la première pluie, j’irai me baigner dans les océans,  Neptune me bercera.

Sur, je reviendrai. Peut-être lors d’un après-midi orageux, alors que vous serez en pique-nique. Pourquoi pas sous un arbre vous procurant un peu de sa fraicheur. Un éclair zèbrera le ciel, suivi  d’un coup de tonnerre et d’une pluie dense qui vous trempera jusqu’aux os, avant que vous n’ayez trouvés un abri. Sans doute que l’un de vous se souviendra et dira : Te souviens-tu d’Edmond ? L’été il fallait toujours se méfier de lui, sinon  ce pouvait-être un verre, ou carrément un sceau d’eau que nous recevions. Haaa Edmond !!! Un  jour il m’a dit : On meurt deux fois, la première fois c’est notre corps qui s’en va, la deuxième fois c’est lorsque plus personne ne pense à vous. 

Mais revenons au processus d’humusation :

 Trois mois plus tard, la décomposition des parties  molles sera terminée. Les professionnels ouvrirons le tumuli et selon mes souhaits, retireront mes os afin qu’il soient broyés  (exactement comme cela est pratiqué après l’incinération) puis remis en place et recouverts de nouveau pour une nouvelle étape de neuf mois.

Hé voilà, en tout un an se sera écoulé, le cycle du phosphore et du calcium seront bouclés. Le compost sera prêt avec un bon rapport carbone, azote, phosphore. Le moment ultime sera arrivé, la métamorphose terminée.

La renaissance aura lieu 
L’air est électrique le temps lourd et orageux

La renaissance aura lieu
C’est une évidence pour regarder, ouvre tes yeux

Je compte sur vous pour voir et fêter cela.  Un mètre cube et demi d’humus, voilà ce que je serai devenu! Un peu de ce terreau pourra être remis à mes proches qui souhaiteront le répandre dans un lieu symbolique (foret, jardin, fleurs…).  Ils  recevront également une graine d’arbre (châtaigne, noix…).  Un arbre pourra aussi être planté dans le jardin du souvenir. Tout le reste servira à régénérer des sols malmenés : friche industrielle, terre de grande culture… Une centaine d’arbres pourront se développer.

L’odeur de sous-bois   que tu perçois là.   Ce parfum de forêt   donne vraiment envie d’H-être

Cette  R- évolution,   c’est l’humusation .

Vous vous rendez compte ! Alors  oui à toutes les formes de vie !

Pour conclure non pas la journée, mais cette prose, je vais vous lire un texte de Victor HUGO ; puis une chanson à laquelle vous pourrez participer, avant de reprendre là où nous en étions.

Ces tas d’ordures, du coin des bornes
Ces tombereaux de boue Savez-vous ce que c’est ?
C’est de la prairie en fleur, de l’herbe verte…
C’est du blé doré, c’est du pain sur notre table, de la santé, de la joie, de la vie.

Alors si vous désirez en savoir plus et pourquoi pas commencer cette démarche, informer-vous sur  http://www.humusation.org

A présent prenons le digestif et que la fête continue avec cette chanson…

Nous  avons  toute  la vie  pour  nous  amuser
Nous  avons  toute  la  mort  pour  nous  reposer

Allez  reprenons tous ensemble : Nous avons toute la vie pour nous amuser. Nous avons toute la mort pour nous rep….bip…bip…bip…bip… Hummmm… Mon réveil sonne six heures, je me lève comme une fleur.

Edmond  GILLAIS -JOHN

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