« Avant d’enlever la paille de l’œil de ton voisin,
Retires la poutre qui est dans le tien » (Matthieu)
Je viens de recevoir un courrier m’avertissant d’un « contrôle de bon fonctionnement des installations d’assainissement non collectif ».
Il se trouve que cette visite est inutile puisque nous fonctionnons depuis 10 ans en toilettes sèches et qu’en amont des eaux grises nous n’utilisons que des produits d’entretien biologiques.
Considérant que d’une manière générale, les assainissements non collectifs sont constitutifs d’une fraction insignifiante de la pollution et qu’en plus nous ne produisons pas d’eaux noires qui représentent la partie la plus importante de la charge polluante, il n’y a aucun intérêt à venir contrôler une eau grise si peu chargée que les cochons peuvent la consommer.
Les législateurs de la loi sur l’eau ont visé son bon état sanitaire et la salubrité publique. Il est sûr que la Nature préfère l’eau pure. Il y a malheureusement entre l’intention et l’application de la loi un grand écart et une erreur de cible.
Voici donc quelques pistes pour une politique réellement écologique :
- Application du principe pollueur payeur aux responsables de la prolifération des algues vertes (risque sanitaire avéré), aux épandeurs de nitrates et autres polluants, c’est-à-dire à l’agriculture intensive qui bénéficie d’une règlementation laxiste en matière d’intrants chimiques.
- Arrêter d’arroser les cultures avec de l’eau pure pompée à grande profondeur (avec subventions) pour la rendre polluée, charge à la société d’assumer le coût de l’épuration.
- Abandonner les grands travaux inutiles : Aéroport de Notre Dame des Landes qui condamne une zone humide, barrage de Sivens surdimensionné, également en zone humide, porcherie maternité du Poiroux, en tête de bassin versant aux sources de la Vertonne…et la liste peut s’allonger.
L’agriculture et l’industrie sont les principaux responsables de la pollution des eaux,…de l’air,…et de la terre. Il faut d’abord agir où est l’urgence même si cela n’exonèrent pas les citoyens qui doivent aller vers des pratiques vertueuses.
L’information, l’éducation sont de meilleurs vecteurs que les pratiques punitives et coercitives que vous exercez. Vous imposez une obligation de moyen (fosse septique) en trainant des pieds devant des solutions naturelles simples efficaces comme la phyto-épuration, les toilettes sèches etc qui obtiennent le plus souvent d’excellents résultats.
OUI, MOSSIEU MAIS C’EST LA LOI… !
Une loi pour être admise doit être juste et comprise. Nous avons cité précédemment qui sont les principaux responsables alors que sont ciblés les habitants qui ne participent qu’à la marge à la situation. De fait, on assiste à un fonctionnement inefficace, à un dévoiement du but initial au profit d’une taxe facile, « à la gueule des clients » puisque le coût est variable ce qui crée une autre inégalité. Quant aux incidences financières sur les « contrôlés », vous ne vous en souciez guère.
En matière de loi l’état est censé montrer l’exemple. Il se trouve que la France subit depuis plusieurs années les condamnations de l’Europe, (dernière en date : 04 septembre 2014) pour son incapacité et son manque d’engagement à améliorer la qualité de ses eaux concernant la directive de 1991 sur les nitrates et les pollutions agricoles. Et il a le toupet de donner des leçons à ses citoyens ! Que l’Etat soit juste et nous le serons.
Non seulement nous pratiquons une écologie de terrain et nos pratiques ont un minimum d’impact sur les milieux naturels mais nous sommes aussi engagés dans une action militante et globale au sein de l’association « la clé des champs » (asso-lacledeschamps.org). Chaque année, à la Clopinière lors de village en fête 3000 visiteurs peuvent s’informer lors de conférences et débats sur l’environnement et expérimenter les toilettes sèches avec des explications sur leur fonctionnement et les enjeux.
Profitez donc de la prochaine édition le 18 septembre 2016 pour faire votre visite et constater qu’un autre monde est en marche.
Vertes salutations.
Pierre Gaborieau
Bravo Pierre ! C’est précis. C’est bien dit. Ça leur fout les points sur les « i ».